Construire des logements à FOSSES: une nécessité, mais pas n'importe comment !
En 1954, l'abbé Pierre avait alerté les Français sur la
situation dramatique des logements en France. Il s'était indigné de
l'insalubrité, de l'indignité et déjà de la précarité
énergétique dans lesquels vivaient quelques millions de Français!
Son appel fut à l'origine d'un sursaut salutaire qui permit, dans
les années 60, la construction de plusieurs centaines de
milliers de logements assurant un minimum de confort aux ménages à
revenus modestes, le tout pour des loyers modiques.
Hélas, l'importance réelle de l'effort accompli n'a jamais
permis de résorber complètement le mal logement de nombreux foyers.
La concentration de populations à revenus modestes dans des
banlieues manquant de manière criante des services les plus
élémentaires n'a rien arrangé. Et au fil des ans, les grands
ensembles d'immeubles construits avec économie de moyens, et mal
entretenus, se sont fortement dégradés. L'augmentation des charges
(d'entretien et d'énergie notamment) a en partie contrebalancé la
faiblesse des loyers. Les offices gestionnaires des HLM ont dû faire
face à une augmentation des dépenses, une diminution progressive de
l'investissement public en faveur du logement et, en période de
crise économique, une augmentation des loyers impayés. Aujourd'hui,
il faut le reconnaître, l'accès au logement social n'est plus aussi
facile qu'autrefois. De nombreux ménages inscrits sur des listes
d'attente depuis plusieurs années continuent donc d'occuper des
logements indignes, tout en versant des loyers mirobolants à
quelques propriétaires ("marchands de sommeil") peu
scrupuleux.
Depuis quelques années, avec la politique de la ville, les lois
SRU puis la loi ALUR, le législateur cherche à corriger les erreurs
du passé. Il s'agit, entre autres, d'encourager la mixité sociale,
de favoriser la création de logements décents, de réduire la
précarité énergétique, le tout dans des centres urbains
correctement équipés en services. Mais il faut aussi compter avec
des politiques publiques restrictives allant dans le sens contraire:
fermeture de services publics (bureaux de postes, sécurité sociale,
pôle emploi) et des réactions négatives des populations déjà
installées... Celles-ci veulent bien créer des logements sociaux,
mais loin de chez elles.
A Fosses, l'opération de rénovation urbaine menée depuis
plusieurs années par le municipalité a permis de remplacer
certaines tours qui étaient particulièrement dégradées, d'en
rénover d'autres et de construire des immeubles neufs, en assurant
un équilibre entre habitat social et accession à la propriété, le
tout sans s'étendre sur les terres agricoles ou les espaces verts.
Ceci donne à la ville de Fosses un nouveau visage, avec un véritable
centre ville, une place centrale avec un café et des commerces
attrayants.
Des propriétaires privés se sont également lancés dans des
opérations de densification en agrandissant leur propriété pour la
diviser en plusieurs logements, comme le permet la loi ALUR. Ces
différentes constructions, ajoutées les une aux autres, contribuent
elles aussi à augmenter légèrement la population qui devrait bientôt dépasser les 10 000 habitants. cette densification génère parfois une certaine irritation (nouveau
voisinage, difficultés de stationnement, par exemple) mais la
commune cherche à remédier à ces problèmes, en concertation avec les
habitants, quartiers par quartiers. Ce n'est pas toujours simple car
d'une part la création de places de parking encourage les familles à
détenir des voitures en plus grand nombre et, d'autre part, beaucoup
réclament des places de stationnement mais ne veulent pas voir
leurs voisins garer leur voiture devant chez eux. Là aussi, il
convient de sortir de la concertation en prenant des décisions
les plus équilibrées possibles.
Dans le village, cette fois, un bailleur social privé a
prévu la création de 65 logements sociaux sur l'emplacement d'une
vielle ferme en ruine. Cet ensemble de bâtiments dont la hauteur
maximum ne dépasse pas celle des constructions voisines ne
dénaturera pas le paysage. L'architecte des bâtiments de
France a donné un avis favorable au projet et le permis de construire
a repris intégralement les quelques observations qu'il a faites. Quelques voisins immédiats se sont plaints de voir leur vue sur la vallée de l'Ysieux se réduire, mais personne n'est propriétaire de la vue sur un paysage, aussi jolie soit-elle. D'autres craignent pour leur tranquilité. Face à ces recours, la justice administrative va suivre son
cours. Dans le même temps, plusieurs habitants du village cherchent déjà à y réserver des logements pour leurs enfants. Quant aux parents d'élèves, ils espèrent qu'avec les nouveaux résidents, on pourra rouvrir la classe qui a été supprimée à l'école Dumas, faute d'élèves en nombre suffisant. Quant aux difficultés de stationnement évoquées par
certains des plaignants, elles sont prises au sérieux par une
réflexion de la municipalité portant sur le village dans son
ensemble dans le cadre de l'étude EUROPAN.